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Témoignage : mon village a disparu

Pour une expérience optimale, munis-toi d’écouteurs. Écoute le témoignage de Rebeka : est-ce que certains éléments, comme ses sentiments et ses expériences, te rappellent ta vie ou celle de quelqu’un que tu connais ? Est-ce que quelque chose de semblable t’est arrivé, ou bien à un·e proche ?

Rebeka a vu son village disparaître tout entier dans les effroyables inondations que connaît le Bangladesh.

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Rebeka est a quatorze ans et vit au Bangladesh, au bord de la rivière Dhaleshwari. Le Bangladesh est l’un des pays du monde les plus affectés par les changements climatiques. Chaque année, des milliers d’écoles, et les routes qui y mènent, sont détruites par les inondations. Et ce sont les enfants qui en payent le prix. Au Bangladesh, près de 20 millions d’enfants, dont Rebeka, sont impactés par les changements climatiques, qui engendrent chaleurs extrêmes, sécheresses, cyclones et inondations. « Tout notre village a été englouti par les eaux pendant trois jours », explique Rebeka. « Même si j’habite à au moins 200 mètres de la rivière, l’eau est montée jusqu’à mi-hauteur de notre maison. »

« Nous avons essayé de rester à l’intérieur aussi longtemps que possible », continue Rebeka, « mais mon père et mon grand frère ont fini par construire un radeau sur lequel dormir. On a même dû cuisiner sur ce radeau, car notre cuisine était inondée. » Après une semaine d’inondation, Rebeka a décidé de s’aventurer jusqu’à l’arrière de la maison pour aller chercher du foin pour nourrir les vaches affamées de la famille.« Soudain, un serpent venimeux est tombé de la meule de foin dans l’eau », dit-elle. « Il m’a mordue au pied. J’ai été prise de vertige et j’ai failli me noyer, mais j’ai appelé à l’aide et mes parents sont arrivés à toute vitesse. Ils ont noué un morceau de tissu au-dessous du genou pour empêcher le venin de se diffuser dans tout mon corps. Ensuite, ils m’ont portée jusqu’à un bateau qui nous a emmenés chez un homme qui savait comment aspirer le venin. J’avais très peur et je croyais que j’allais mourir. L’une de nos voisines a été mordue à peu près au même moment et elle est morte. »

« Ici, beaucoup de gens meurent parce qu’il faut aller loin pour trouver un docteur », explique Rebeka. « Et les soins de santé coûtent très cher, nous n’en avons pas les moyens. C’est pour ça que c’est très dur pour nous de subir ces inondations, beaucoup de gens tombent malades. » Quelques jours après que Rebeka ait été mordue par un serpent, elle a commencé à se sentir mieux, mais les inondations ont duré encore plusieurs mois. Durant tout ce temps, presque toutes les écoles, dont celle de Rebeka, étaient fermées. « L’école a été détruite et de toute façon, on ne pouvait pas y aller parce que toutes les routes étaient submergées. Personne ne pouvait aller à l’école, c’était horrible », dit Rebeka. « On a manqué tellement de leçons, c’est catastrophique. Ici, au Bangladesh, si on n’a pas une bonne éducation, c’est impossible de sortir de la pauvreté pour bien vivre. »

« Les filles qui arrivent à terminer leurs études ont de bien plus grandes chances de mener une vie meilleure. Elles peuvent décider elles-mêmes de ce qu’elles veulent faire. Et les filles qui ont une éducation sont davantage écoutées, y compris dans leur famille. Beaucoup de filles de mon âge sont déjà mariées. Je pense que c’est mal. Quand je serai grande, je veux me battre pour que tous les enfants, en particulier les enfants pauvres et les filles, aient le droit d’aller à l’école. »