Munis-toi d’écouteurs pour une expérience optimale. Écoute le témoignage de Kwesi : est-ce que certains éléments, comme ses sentiments et ses expériences, te rappellent ta vie ou celle de quelqu’un que tu connais ? Est-ce que quelque chose de semblable t’est arrivé, ou bien à un·e proche ? Écoute attentivement !
Attention : ce témoignage comporte des actes de violences envers les enfants. Protège-toi.
Kwesi a été exploité en tant qu’esclave sur le lac Volta, au Ghana, pendant trois ans.
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Kwesi avait dix ans lorsqu’on l’a pris à sa famille pour en faire un esclave travaillant sur un bateau de pêche sur le lac Volta, au Ghana. Il raconte : « L’homme nous donnait à peine à manger, et jamais de la viande ou du poisson. »
Sa journée de travail commençait à onze heures du soir : lui et d’autres garçons posaient des filets jusqu’à six heures du matin. Ensuite, ils ramassaient les filets et nettoyaient le poisson jusqu’à tard dans l’après-midi.
Ce travail était très dangereux. Kwesi était souvent obligé de plonger profond sous la surface de l’eau pour dégager un filet pris dans des branches. Certains enfants restaient coincés dans les filets et se noyaient.
Les mains de Kwesi étaient mutilées par les longues et dures journées de travail.
« Notre maître nous frappait souvent », raconte Kwesi. « Il se mettait en colère contre nous à la moindre erreur. Parfois, il prenait la lourde rame du bateau pour me frapper. »
Kwesi et les autres garçons rêvaient de s’enfuir. « Plusieurs fois, nous avons essayé de nous échapper pour retrouver nos mères. Mais nous n’avons jamais réussi », explique-t-il. « Mais une fois, j’ai plongé et j’ai commencé à nager. »
Sauvé par un arbre
Kwesi était au milieu du gigantesque lac Volta, à des kilomètres du rivage. Mais sous la surface se trouvaient de nombreux arbres morts, dont la cime dépassait parfois de l’eau. Kwesi a nagé jusqu’à l’arbre le plus proche et s’est accroché à une branche. Après s’être reposé, il a eu la force de continuer.
En nageant d’arbre en arbre, Kwesi a fini par atteindre une île, où il s’est écroulé sur le sable brûlant. Un homme qui passait par là l’a trouvé, mais au lieu de sauver Kwesi, il l’a ramené directement chez le pêcheur.
Sauvé pour de bon
Trois années ont passé, jusqu’au jour où... « Un jour, James est arrivé et m’a sauvé », raconte Kwesi. James Kofi Annan est un Héros des droits de l’enfant qui se bat pour faire respecter les droits des enfants esclaves. Tout petit, il a lui-même été esclave sur un bateau de pêche.
Après sept ans de captivité, James a réussi à s’enfuir. Il est allé à l’école, puis à l’université, et il est devenu directeur d’une banque. Mais il n’a jamais pu oublier les enfants esclaves. Il a fini par démissionner de son travail pour fonder une association luttant contre l’esclavage des enfants.
Le genre d’esclavage dont James et Kwesi ont subi s’appelle la servitude pour dettes. En général, cela commence lorsqu’une famille pauvre doit emprunter de l’argent, pour payer le médecin ou bien acheter à manger. Les intérêts sur ces emprunts sont très élevés. Lorsque les parents n’arrivent pas à rembourser l’emprunt, le marchand d’esclaves prend leurs enfants. Cela est illégal au Ghana, mais cela n’empêche pas des centaines de milliers d’enfants d’être réduits en esclavage. James est convaincu que la pauvreté, qui est la cause de l’esclavage, ne peut être vaincue que grâce à l’éducation.
Les enfants sauvés vont d’abord dans un lieu sûr, un foyer où on les aide à surmonter leurs expériences traumatiques. Lorsqu’ils vont mieux, ils sont réunis avec leur famille. Kwesi est resté au foyer presque un an.
Maintenant, Kwesi a retrouvé sa mère.
Enfin de retour
« James m’a ramené chez ma maman », raconte Kwesi. « Elle a pleuré lorsqu’elle a vu les cicatrices sur mon corps et la grosse boursouflure sur ma lèvre, séquelle du coup de rame donné par mon maître. »
Maintenant, Kwesi va à l’école. Les mathématiques sont sa matière préférée et il rêve de devenir directeur de banque, comme James. Il déclare : « Le monde devrait mettre fin à l’esclavage des enfants dans les villages de pêcheurs et partout ailleurs. »